Comment aborder le critère de l'orientation sexuelle dans le monitoring de la diversité?

Lors de notre journée Arc-en-Ciel du 2 juin dernier intitulée "Homosexualité et Média", nous avions invité le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel afin de nous brosser un tableau du baromètre de la diversité. Celui-ci n'inclut pas dans sa recherche le critère de l'orientation sexuelle et nous désirions connaître la position du CSA vis-à-vis de ce manquement et les autres possibilités de recherches qui s'offraient à lui.

La position du CSA a été de solliciter nos idées et remarques via un article à faire paraître au sein de leur magazine "Régulation". Le dernier numéro paru contient donc nos observations, critiques et propositions afin que le critère de l'orientation sexuelle ne reste pas le parent pauvre des études menées sur la diversité.

Comment aborder le critère de l’orientation sexuelle dans le monitoring de la diversité ?

Le 2 juin dernier, à l’occasion de notre conférence intitulée « Homosexualité et Média », le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a présenté son baromètre de la diversité.

Bien que l’étude tente d’utiliser une définition large de la diversité, seul un nombre restreint de critères protégés par la législation de la Communauté française en matière d'égalité de traitement et de lutte contre la discrimination ont été inclus dans ce monitoring de l'état de la diversité dans les programmes de la télévision belge francophone. Le critère de l’orientation sexuelle manque en effet à l’appel, or celui-ci fait également partie des publics cibles de la Déclaration de politique communautaire.

L’homosexualité est de plus en plus présente dans les médias (reportages, séries, actualité, …) mais le traitement de celle-ci manque souvent de nuance, voire d’à propos. Le CSA exprime aujourd’hui une volonté de pousser la réflexion plus avant et nous nous en réjouissons. Une analyse approfondie du traitement médiatique lui permettrait de fournir un avis éclairé aux chaînes de télévision belges afin que celles-ci puissent réfléchir à la manière d’intégrer de façon inclusive les personnes LGBT au sein de leurs programmes.

La question de la méthode reste toutefois entière. Si la prise en compte d'un critère de discrimination "invisible" dans le baromètre de la diversité pose des problèmes méthodologiques, pourquoi ne pas adopter une approche qualitative complémentaire, spécifique à cette thématique ?

Certains événements récurrents mettent les thématiques LGBT sur le devant de la scène médiatique : la Belgian Pride (mi-mai), la journée internationale de lutte contre l’homophobie (17 mai), la journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre). Ce sont autant d’occasions prévisibles de réaliser des observations qualitatives et d’en retirer les bonnes pratiques en matière de traitement de l’information. Dans d’autres cas, il y aurait lieu de réaliser l’analyse a posteriori, par exemple à propos d’évènements tels que le meurtre d’Ishane Jarfi ou l’assassinat de Jacques Konik, ou encore lors d’annonces de réformes législatives concernant les personnes LGBT ou la diffusion sporadique de reportages ou documentaires.

Certaines questions devraient être posées de manière systématique : comment les media traitent-ils l’information ? Un langage adéquat est-il utilisé ? Le traitement journalistique révèle-t-il une connaissance fine de la thématique ou reste-t-il dans la généralité, voire dans la superficialité ? Quels parallèles peut-on établir avec les stéréotypes sexistes ? En quoi la thématique de l’orientation sexuelle oriente-t-elle le discours ?

Au-delà du monitoring de la diversité, le CSA devrait saisir l’opportunité d’intégrer dans sa réflexion l’étude de la cyberhaine. Les media télévisuels belges francophones disposent de sites internet ouverts aux commentaires et réactions des usagers. Ceci fournit un matériau potentiellement intéressant, plus encore si l’accès est donné aux chercheurs aux commentaires modérés. Car le fossé est parfois profond entre le langage politiquement correct de mise parmi les professionnels de l’information et celui du grand public s’exprimant de manière relativement anonyme. La pratique même de la modération pourrait également se révéler instructive.


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