COMMUNIQUÉ DE PRESSE  : Accord de gouvernement : des avancées timides en matière de droits LGBTQIA+ !

Prisme, fédération wallonne de défense des droits LGBTQIA+ constate avec soulagement que le nouvel accord gouvernemental accorde une attention spécifique à la protection des personnes intersexes et à la réglementation sur la G.P.A. L’approche proposée concernant la violence envers les personnes LGBTQIA+ et l’accueil des victimes de violences sexuelles poursuit également le travail de longue haleine entamé avec le précédent gouvernement. Ce sont des avancées importantes qui, espérons-le, se concrétiseront rapidement. 

Dans le domaine de la santé, nous saluons les améliorations proposées, comme l'accès facilité à la PrEP (méthode de prévention contre le VIH) et l’amélioration des soins pour les personnes transgenres. Ces investissements doivent cependant poursuivre l’ambition d’une société inclusive en offrant une solution à tous les besoins en matière de santé des personnes trans, adultes ou mineures. Par ailleurs, il est important d’accorder une attention générale à l'ensemble des personnes LGBTQIA+, souvent invisibilisées et précarisées dans les recours aux soins. 

Les points ci-dessus éveillent donc un certain enthousiasme mais nous restons cependant critiques quant à d’autres points de l’accord. En effet et à titre d’exemples, la reconnaissance des personnes non-binaires fait encore défaut. Nous nous inquiétons aussi de la situation des personnes LGBTQIA+ les plus précaires. Ainsi, la prise en charge des personnes LGBTQIA+ en demande de protection internationale est loin d’être adaptée. D’ailleurs, les projets du nouveau gouvernement concernant l'asile et la migration risquent d'ériger des obstacles supplémentaires pour ces personnes voire de mettre en danger leur sécurité personnelle. 

L’aspect solidarité internationale de l’accord est également pour nous une source de préoccupation. Bien que le gouvernement Arizona se soit engagé à défendre les droits humains à l’échelle mondiale, cela doit être accompagné d’investissements concrets. Le recul mondial du soutien aux organisations LGBTQIA+, notamment en raison des politiques du président américain Donald Trump, exige un engagement fort et financier de la Belgique. La coopération au développement ne doit pas être victime des économies budgétaires.  

Par ailleurs, l'annonce de réductions budgétaires pour des institutions œuvrant pour l’égalité telles qu'Unia suscite des inquiétudes majeures. Si le gouvernement souhaite réellement lutter contre la violence et la discrimination, nous avons besoin d’institutions solides qui accompagnent les victimes, veillent à l’accessibilité des moyens de signalement et sont en mesure d’en assurer le suivi. Sans moyens suffisants, le gouvernement sape ses propres ambitions dans la lutte contre les inégalités. 

Enfin, nous profitons de ce communiqué pour rappeler l’importance de rester vigilant·es. En effet, la situation internationale se dégrade de façon alarmante en matière de droits des minorités et nombreux·ses sont les chef·es d’Etat et représentant·es politiques à contribuer à la panique morale d’une contagion sociale et d’une jeunesse en danger, une rhétorique classique, nébuleuse et à géométrie variable véhément défendue par les mouvements anti-genre et complotistes. 

Il appartient désormais au nouveau gouvernement de veiller à ce que les droits LGBTQIA+ et l’inclusion fassent partie intégrante de tous les domaines politiques. Nous poursuivrons notre travail de veille médiatique ainsi que l’élaboration de nos dossiers de recommandations politiques afin de nous assurer que ces promesses ne soient pas vaines et s’assortissent réellement de changements positifs pour nos communautés. Nous rappelons par ailleurs, qu’en tant qu’expert·es des thématiques LGBTQIA+ nous nous tenons à disposition de nos représentant·es politiques pour alimenter leurs réflexions et éclairer leurs prises de décision sur les matières qui concernent nos communautés.

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