La Belgian Pride aura lieu samedi prochain, 14 mai. Arc-en-Ciel Wallonie y participera, comme chaque année. Votre fédération a toujours voulu que la Pride de Bruxelles rassemble tout le mouvement associatif LGBTI du pays. Car la Pride, ce n’est pas seulement la grande fête de la diversité. C’est un moment politique. L’expression de minorités qui défendent leurs valeurs et leurs combats.
Ces valeurs sont en danger. Malgré nous. Mais aussi parfois parmi nous. Le respect des différences, ça concerne toutes les différences.
Cette année la Pride porte haut la revendication d’un meilleur traitement vis-à-vis des personnes transgenres, dans un contexte de respect des droits humains. Ce n’est pas qu’une question de droits, même si des modifications de la législation sont nécessaires. C’est aussi, c’est surtout, l’exigence absolue d’un autre regard. Sur le sexe, sur les identités sexuelles, sur les identités de genre. C’est un coup de gueule contre la persistance de cette distinction entre les rôles masculins et féminins. C’est la nécessité tout aussi absolue d’une autre éducation, d’une autre socialisation en rupture avec les conceptions désuètes, révélatrices des rigidités sociales et morales que trop de mouvements conservateurs, y compris dans notre pays, se sont repris à réclamer ces dernières années.
Ces mouvements là, qui dénoncent la soit disant théorie du genre, aidés discrètement ou non par la hiérarchie vaticane, s’enorgueillissent dans l’illusion idiote de la supériorité de leur seul mode de vie. Hétérosexuel bien sûr, mais aussi patriarcal, bourgeois et blanc. C’est tout un et ce n’est pas négociable. C’est là qu’il ne faut pas se tromper. Que nous devons être attentifs à éviter les pièges. Piège notamment ce discours qui chez nous vante une tolérance de circonstance à l’homosexualité – jusque dans les brochures distribuées aux demandeurs d’asile – pour mieux se – et nous – distancier des musulmans, des arabes, et nous rendre complices de leur haine des étrangers. Pièges dans lesquels, et c'est inquiétant, certains cercles laïques sont aussi tombés.
Dire que le racisme, la xénophobie et l’islamophobie n’existent pas parmi les LGBTI serait un mensonge. Tout comme certaines formes de jeunisme excluent les plus âgé-e-s d’entre nous. Tout comme l’argent et la richesse distingue et trie entre nous aussi.
Mais la Pride est et doit être, particulièrement cette année après les évènements que nous avons vécus et le déferlement de discours haineux qui ajoutent de la terreur à la terreur, le moment pour dire non au rejet, non aux exclusions, non à toutes les discriminations, non au repli sur soi. Non aux anathèmes sur les communautés, qu’elles soient de Molenbeek, de Vilvorde, d’Anvers ou de Verviers. Et plus encore nous devons affirmer nos valeurs d’ouverture aux autres, à tous les autres, à toutes les autres. En fait, il faut en finir avec « eux », « nous », « les autres ». Notre société a tout à gagner à s’enrichir de la diversité de chacun de ses groupes, de la multiplication des échanges, de la reconstruction incessante des solidarités, d’une définition commune et inclusive du vivre ensemble.
Ensemble, même si on est différents ! Ce slogan aurait bien convenu à la Pride 2017. C’est le titre d’une chanson dont certains se souviendront peut-être. Celle d’un verviétois. Il s’appelait Pierre Rapsat. Alors, contre la haine, entonnons-là ensemble, à en avoir le cœur qui tremble !