On ne le rappellera jamais assez, les personnes transgenres ont toujours existé1. Leur visibilité accrue ces dernières années est le fruit d’une remise en question progressive des normes sociales occidentales. Néanmoins, les personnes transgenres font toujours partie des groupes de population les plus fragilisés et leur véritable combat pour obtenir les mêmes droits et opportunités que tout·e autre citoyen·ne se retrouve de surcroît parasité par le fait de devoir constamment se battre pour pouvoir affirmer leur simple existence et leur légitimité.
Prisme travaille actuellement à la publication d’un dossier sur les thématiques trans* afin de mettre à disposition des informations claires, sourcées et détaillées. Cet outil, disponible d’ici la fin de l’année 2024, se voudra utile aux personnes concernées mais aussi (surtout) à la société civile dans son ensemble.
Nous constatons aujourd’hui que le travail d’acceptation et d’inclusion des personnes qui se situent en dehors des normes traditionnelles de genre se voit régulièrement attaqué. Ces virulentes vagues d’opposition sont portées par une minorité conservatrice vocale qui sème la désinformation et la haine dans le reste de la population, jusqu’aux postes les plus élevés de l’État. Nous sommes de plus en plus inquiet·es d’assister, sur les réseaux sociaux et dans l’espace public, à des discours de transphobie décomplexée et au flot de commentaires haineux qu’ils encouragent.
Nous sommes également préoccupé·es par le relativisme qui s’opère entre les opinions et les faits, dans les médias notamment, et le climat de confusion que cela engendre. Nous sommes atterré·es, par exemple, de voir des personnalités politiques promouvoir publiquement (et en sachant la crédibilité que leur accorde une partie de la population) des ouvrages de désinformation ne reposant sur aucune étude scientifique pour inviter le public à s’informer. En l’occurrence, si nous sommes particulièrement consterné·es aujourd’hui, c’est parce qu’un haut représentant politique belge a diffusé publiquement une invitation à lire « de toute urgence » le livre « Transmania » des deux activistes transphobes Dora Moutot et Marguerite Stern. Cela nous pose problème pour des raisons morales évidentes mais nous tenterons ici de rester factuel·les:
Premièrement, le livre en question repose sur de nombreux propos idéologiques transphobes, complotistes et non scientifiquement fondés2. Il a d’ailleurs fait l’objet d’une plainte déposée par SOS Homophobie en avril 2024 et a été qualifié de haineux par une tribune de 800 personnalités publiques et de collectifs en France3. Dans le même temps, il a été largement promu par l’extrême droite politique dès sa sortie. La maison d’édition Magnus (éditrice du livre « Transmania ») est par ailleurs connue pour éditer des livres d’extrême droite comme ceux, par exemple, du youtubeur Papacito (célèbre dans la fachosphère et ayant fait l’objet de plusieurs plaintes pour menaces et incitations à la haine).
Deuxièmement, tenir ou relayer des propos transphobes est illégal. Cela nous interpelle donc d’autant plus de la part d’un représentant politique qui n’est censé ignorer ni la loi belge ni les résolutions européennes.
Nous conclurons donc brièvement en appelant à la vigilance face à la désinformation et à ses conséquences dramatiques sur les droits, la sécurité et la vie des personnes qu’elle cible. Les luttes progressistes se heurtent sans répit aux paniques morales créées de toutes pièces par des forces politiques et civiles réactionnaires et conservatrices.
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