Ensemble pour briser le silence : "Septembre, mois de la prévention du suicide".

Chaque jour, en Belgique, quatre personnes mettent fin à leurs jours. Le suicide est un problème de santé publique majeur qui, de nos jours, touche particulièrement les jeunes. Les chiffres sont alarmants ; le suicide est la première cause de décès chez les 15-45 ans et emporte aujourd’hui plus de vies que les accidents de la route, les cancers ou encore les maladies cardio-vasculaires, chez les jeunes. Chez les personnes de 15 à 24 ans, le suicide représente un quart des décès, selon les déclarations de l'ASBL “Un pass dans l’impasse” et du Centre de prévention du suicide (1).

À l’échelle mondiale, un suicide se produit environ toutes les 40 secondes (2)

En ce mois de septembre, mois de la Prévention du Suicide, il est plus urgent que jamais de briser les tabous. Le thème 2024-2026 "Changer le discours sur le suicide", choisi par l’Association internationale pour la prévention du suicide (IASP) en collaboration avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), appelle à une action collective : ouvrir le dialogue, écouter sans juger, garantir un meilleur accès aux soins de santé mentale et une politique de prévention adaptée (3).  

Ces chiffres sont plus qu'une statistique. Ils représentent des vies brisées, des familles endeuillées, et des ami·es perdu·es. Il est de notre responsabilité, à tous·tes, de repérer les signes de détresse chez nos proches, chez nous-même, et d'agir avant qu'il ne soit trop tard. Un geste, une écoute bienveillante, une intervention rapide peuvent sauver des vies.

Les personnes LGBTQIA+ : un public particulièrement à risque

Les personnes LGBTQIA+ sont particulièrement vulnérables face au risque suicidaire. En effet, le lien entre risque de suicide et orientation sexuelle et/ou identité de genre a fait l’objet de nombreuses études et les analyses révèlent que les personnes LGBTQIA+ font face à un risque accru de suicide en raison de la discrimination, de l’exclusion sociale et du rejet qu’iels peuvent subir. Les chiffres montrent que plus d’un tiers des personnes LGBTQIA+  ont envisagé de se suicider. Ce pourcentage grimpe à 59 % chez les femmes transgenres, à 60 % chez les hommes transgenres, et à 55% pour les personnes non-binaires et autres diverses identités de genre. Ce taux est également très élevé chez les personnes qui, en plus d’appartenir à la communauté LGBTQIA+, sont en situation de handicap (66 %), sont confronté·es à des difficultés financières (58 %), au chômage (53 %) ou qui appartiennent à un groupe minoritaire (49 %).  

Certaines expériences traumatisantes, particulières au milieu LGBTQIA+, comme les pratiques de conversion, sont pointées du doigt comme favorisant le risque de pensées suicidaires. En effet, l’étude menée sur la question par l’Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, a démontré qu’un·e répondant·e sur quatre (24 %) a été confronté·e à des « pratiques de conversion », c'est-à-dire à “des interventions préjudiciables visant à modifier son orientation sexuelle et/ou son identité de genre.” (4)

Par ailleurs, les personnes transgenres et intersexes font également face à des difficultés spécifiques. La majorité des tentatives de suicide ont lieu avant la transition de genre/le traitement modifiant les caractéristiques sexuelles/etc.. On peut identifier qu’il s’agit souvent d’un manque de services de santé adaptés ou d’un trop plein de pression sociale. Après un processus de transition, une amélioration notable de la santé mentale est observée chez plus de 70 % des personnes transgenres, bien que des complications liées à la transition elle-même puissent aussi peser sur leur bien-être (5).

Le processus de découverte de soi et de coming-out, souvent vécu dans la tranche d’âge de l’adolescence, est une période particulièrement sensible. La pression exercée par la peur du rejet familial ou social peut entraîner des troubles psychiques profonds et un sentiment d’isolement. Dans un environnement perçu comme hostile, non-incluant et/ou rejetant, les personnes LGBTQIA+ ont 20 % plus de chances de tenter de se suicider que dans un cadre favorable et inclusif (6).

En Belgique, bien que des dispositifs d’écoute existent, aucune ligne d’appel spécifique pour les personnes LGBTQIA+ en détresse suicidaire n’existe.  

Les principales ressources et contacts d’aide en Belgique

Le suicide est souvent envisagé comme l'unique échappatoire à un profond sentiment de désespoir et de douleur. Pourtant, les pensées suicidaires ne sont pas définitives ni linéaires (7).
Il est possible de prévenir le suicide. Vous n’êtes pas seul·es. Des services d’aide existent pour vous accompagner et vous soutenir dans votre cheminement.  

  • Le Centre de Prévention du Suicide (CPS) est joignable via :  

La ligne d’écoute gratuite et anonyme : 0800 32 123 (24h/24, 7j/7)

Le site internet : www.preventionsuicide.be.  

Pour une prise de rendez-vous avec un psychologue, vous pouvez contacter le secrétariat : 0476 53 00 84

  • Ligne néerlandophone pour la prévention du suicide : 1813 (24h/24, 7j/7).
  • Ligne anglophone pour l’écoute de crise : 02 648 40 14 (24h/24, 7j/7).
  • Ligne germanophone pour l’écoute de crise : 108 (24h/24, 7j/7).
  • Numéros d’urgence :  112

Attention : Le Centre est disponible en tant qu’aide et soutien mais rappelle que le 112 est le numéro à appeler en priorité si vous ou une personne de votre entourage est en danger.

Bons gestes et réflexes à adopter en cas de crise suicidaire (8)

Les conseils qui suivent sont non-exhaustifs et restent partiels. Une aide spécialisée est nécessaire pour un accompagnement optimal.  

  1. Établir un lien de confiance et briser le tabou

Créer un espace sécurisant où la personne en crise se sent compris·e est la première étape pour aider. Il est crucial d'écouter sans juger. Prenez la personne au sérieux, reconnaissez sa souffrance sans la minimiser ni l'exagérer.  

  1. Évaluer le degré d’urgence

Évaluer le risque est capital, pour ce faire, posez des questions.  

  • "As-tu déjà pensé à quand et comment tu le ferais ?"  

En fonction des réponses données, le degré d’urgence peut être évalué comme faible, moyen ou élevé :  

  • Urgence faible : pensées suicidaires sans plan précis, recherche de soutien et de solutions.  
  • Urgence moyenne : la personne a envisagé un scénario mais sans intention imminente.  
  • Urgence élevée : planification concrète et accès aux moyens pour passer à l'acte.

Selon les statistiques, plus le plan est détaillé (lieu, moment, méthode, intention), plus le risque est élevé. Si la personne a déjà un moyen en tête (médicaments, arme, etc.), cela indique un danger imminent et une action rapide est nécessaire. 

Evidemment, ceci n'est pas une règle universelle, il faut considérer tous les signes, du plan détaillé aux propos évasifs, aux silences tout court. 

  1. Agir et relayer

Si l’urgence est élevée, il est indispensable d’agir rapidement. Vous pouvez contacter les services d’urgence si la situation le nécessite. Si l’urgence est moins immédiate, proposez à la personne de l’aide en contactant le Centre de Prévention du Suicide (CPS) ou d'autres services spécialisés et ressources disponibles.   

  1. Restez bienveillant·e

Il est essentiel de se rappeler que chaque geste compte. Écouter avec bienveillance et relayer vers des professionnels sont des actes essentiels de prévention.

Rappel

En matière de prévention du suicide, chaque mot, chaque geste peut faire la différence. Oser aborder le sujet, écouter avec bienveillance, et orienter vers des professionnel.le.s sont des actions simples, mais essentielles. Ensemble, nous avons le pouvoir de sauver des vies. N’attendons pas qu’il soit trop tard pour agir.

Article écrit par Victoria Gilles

Sources

(1) Belga, L. R. A. (2024, 10 septembre). Le suicide est la première cause de décès chez les 15-45 ans, devant les cancers, accidents de la route et les maladies cardio-vasculaires. RTBF. https://www.rtbf.be/article/le-suicide-est-la-premiere-cause-de-deces-chez-les-15-45-ans-devant-les-cancers-accidents-de-la-route-et-les-maladies-cardio-vasculaires-11431791

(2) Cmasson. (2023, 8 septembre). 10 septembre, journée mondiale de la prévention du suicide. Commission Communautaire Française (COCOF) - Francophones Bruxelles. https://ccf.brussels/10-septembre-journee-mondiale-de-la-prevention-du-suicide/

(3) International Association for Suicide Prevention. (2024, 9 septembre). WSPD - IASP. IASP. https://www.iasp.info/wspd/

(4) European Union Agency for Fundamental Rights. (2024). LGBTIQ at a crossroads : progress and challenges, 23. Dans European Union Agency For Fundamental Rights.

(5) STOP SUICIDE : Pour la prévention du suicide chez les jeunes. (s. d.). Le risque de suicide parmi les personnes LGBT, 3. Dans STOP SUICIDE : Pour la Prévention du Suicide Chez les Jeunes.

(6) Ibid.

(7) Cmasson. (2023, 8 septembre). 10 septembre, journée mondiale de la prévention du suicide. Commission Communautaire Française (COCOF) - Francophones Bruxelles. https://ccf.brussels/10-septembre-journee-mondiale-de-la-prevention-du-suicide/

(8) Centre de Prévention du Suicide. (s. d.). PRÉVENTION DU SUICIDE : Évaluer et intervenir en cas de crise guide général pour le grand public. Dans Centre de Prévention du Suicide.

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