C’est évident, les stades de foot ne sont pas les lieux les plus ouverts à la diversité. Mais quelle mouche a piqué Foot Magazine en voulant démontrer, au mépris de la vérité, l’homophobie des joueurs belges de D1 ?
Le 10 juin, la revue Sport/Foot Magazine publiait les résultats d’une grande enquête d’opinion réalisée auprès des joueurs de foot de la Division 1 belge. Les thèmes abordés sont aussi divers que la corruption, le racisme, l’état des pelouses des clubs, le dopage… et l’homosexualité.
Concernant l’homosexualité, cet article présente les réponses apportées à deux questions :
1. L’homosexualité existe-t-elle dans le football ?
2. Y a-t-il de la place pour les homosexuels dans le football ?
Ces résultats, et particulièrement ceux relatifs à la seconde question, ont suscité un certain émoi parmi les gays et les lesbiennes et dans la presse.
Arc-en-Ciel Wallonie a donc voulu en savoir plus. Selon nos informations, il apparaît en réalité que la question posée aux joueurs était : « Y a-t-il de la place pour l’homosexualité dans le football ? » et les réponses étaient Oui, très certainement à 16,2%, Oui, c’est plus ou moins accepté à 16% et Non, cela reste un tabou à 67,8%. Le Club de Mons a confirmé l’exactitude de cette information.
La signification des réponses n’est évidemment pas la même. Il y a en effet de la marge entre dire que l’homosexualité reste un tabou dans le football et dire qu’il n’y a pas de place pour les homosexuels dans le football. Les joueurs interrogés apprécieront l’indélicatesse de Sport/Foot Magazine qui n’a pas hésité à travestir leurs réponses et à leur attribuer une image rétrograde.
Arc-en-Ciel Wallonie a contacté les clubs wallons dont certains joueurs ont participé à l’enquête ainsi que l’URSBFA (Union Royale des Sociétés Belges de Football – Association) afin qu’ils exigent un démenti auprès du magazine et de la presse.
L’homosexualité reste un tabou dans le monde du sport et, en particulier, dans celui du football. Les insultes homophobes sont courantes tant sur la pelouse que dans les tribunes, des banderoles à caractère homophobe sont régulièrement affichées dans les stades.
Un ancien joueur de foot allemand à la retraite, Marcus Urban, a écrit un livre où il décrit sa vie entre sa carrière de footballeur professionnel et son homosexualité. Plus d’info.
Cependant, depuis quelques années, des efforts importants sont faits dans le monde du foot.
Chez nous, l’URBSFA, en collaboration avec le Centre pour l’Egalité des Chances, s’est engagée dans la lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination. Elle encourage les clubs à souscrire à la Charte contre le racisme, qui intègre également la lutte contre l’homophobie.
En Flandre, la Holebifederatie s’est particulièrement illustrée l’année dernière avec l’opération Carton rouge à l’homophobie. L'affiche de sa campagne de lutte contre l’homophobie dans le sport précise : Denkt u nu aan seks ? Wij ook niet ! (Est-ce que vous pensez au sexe en ce moment ? Nous non plus !).
Ailleurs également, l'homophobie dans ce sport laisse de moins en moins indifférent. Les réactions et initiatives se multiplient.
En France, le football-club de Montpellier a été condamné en 2006 à une amende de 7500 euros par la commission de discipline de la Ligue française pour avoir déployé des banderoles homophobes à l'occasion du match de Coupe de la Ligue face à Marseille.
En Angleterre, la Fédération britannique de football est déterminée à combattre l’homophobie dans le football. Depuis la saison 2007/2008, des sanctions sont prévues en cas de discriminations sur base de l’orientation sexuelle, tant sur la pelouse que dans les tribunes. L’association vient également de lancer une recherche sur le thème de l’homophobie dans le foot.
La European Gay & Lesbian Sport Federation (EGLSF) a publié un dossier intitulé : « Kick it out. Homophobia in football » en 2006. Le dossier fournit des explications sur les mécanismes qui favorisent l’homophobie dans le foot et propose une série de suggestions sur ce qui devrait être fait quand une telle situation se présente, qu’elle concerne les joueurs, les supporters ou toute autre personne.
Les stars du foot anglais Cristiano Ronaldo, Beckham et Owen vont prêter leur image à un spot visant à lutter contre l'homophobie dans les stades, qui sera montrée dans les écoles et sur Internet.
Signalons encore une campagne originale lancée cette année en France, à l'occasion de la journée mondiale contre l'homophobie. Paris Foot Gay a pris l'initiative d'un spot télé, réalisé par Sophie Lévy (Production : So Films) et financé par la Ligue de Football Professionnel (LFP), avec en off la voix profonde de Charles Berling. Olivier (c'est le titre de ce petit film) tente de s'attaquer à la banalisation des insultes homophobes parmi les supporters de football. Voir la vidéo sur le site de So Foot.