Ce mardi, la ministre fédérale de la Santé, Laurette Onkelinx, présentait son plan sida 2014-2019. Après avoir consulté près de 500 acteurs de terrain et s'être mis d'accord avec ses homologues des régions et communautés, le plan a été adopté en septembre 2013.
Les attentes sont très fortes tant la Belgique est à la traine par rapport à ses pays voisins dans la lutte contre l'épidémie. Chaque jour, dans notre pays, trois personnes sont infectées par le VIH. C'est presque deux fois plus qu'en France. Et la Belgique est dans les plus mauvais élèves en Europe : seules l'Estonie et la Lettonie font moins bien.
58 actions sont donc proposées, articulées autour de 4 piliers :
La prévention passe avant tout par le préservatif, a rappelé la ministre de la santé. Mais nous disposons aussi d'autres outils et nous allons désormais leur reconnaître toute leur place. Ces autres outils sont le dépistage et le traitement conçus comme moyens de prévention.
En clair, le traitement est un moyen de prévention puisqu'il fait diminuer la charge virale et permet à la personne atteinte de ne plus être contagieuse. Mais pour être sous traitement, les personnes qui ont contracté le VIH doivent le savoir le plus tôt possible… et donc se faire dépister plus ou moins régulièrement en fonction des comportements.
Les traitements post exposition et pré exposition sont aussi envisagés comme des outils à part entière qui devront trouver leur place dans les stratégies de prévention.
Dans la foulée de son homologue, la ministre de la santé de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Fadila Laanan, a prévu de débloquer une enveloppe pour doubler le nombre de préservatifs gratuits en FWB (on passerait de un à deux millions de condoms dès 2014).
En matière de dépistage, quelques tabous tombent également :
La ministre a également insisté sur le rôle des médecins généralistes et spécialistes dans la lutte contre l'épidémie. Le plan prévoit d'intégrer le VIH et les questions qui y sont liées en tant que sujet obligatoire dans le cursus de formation médicale, en ce compris l'épidémiologie du VIH, les modèles et types de dépistages, les symptômes, les comportements sexuels sûrs mais également les compétences en communication, en particulier en ce qui concerne la santé sexuelle.
D'autres éléments que vous pourrez trouver dans le document revêtent un certain intérêt : amélioration de la couverture géographique (accès au traitement), dépistage et traitement accessibles aux demandeurs d'asile, création d'un conseil de personnes vivant avec le VIH et… moyens financiers pour mettre en œuvre le plan. Sur ce dernier point, le gouvernement prévoit de débloquer chaque année un million d'euros supplémentaire dès 2014.
Un bémol tout de même pour Arc-en-Ciel Wallonie. L'approche en termes de populations exposées reste prédominante. Le secteur de la santé publique continue de parler de migrants et de HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) et pas de comportements. Toutefois, la ministre a clairement exprimé que si le plan met la priorité sur ces deux groupes, cela impliquait de comprendre ce qu'étaient ces groupes. La confusion qui perdure entre "hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes" et "gays" doit être levée une fois pour toutes ! Les gays n’ont pas le monopole des relations homosexuelles masculines. Ça en rassure peut-être certains de le croire, mais c’est une confusion qui nuit au calibrage des politiques de prévention.
L'action 5 qui prévoit de développer la recherche pour mieux connaître les comportements des publics prioritaires va d'ailleurs dans ce sens.