C'est Le Soir du 22 septembre 2014 qui l'annonce en primeur, Laurette Onkelinx, la toujours Ministre fédérale de la Santé, met la Prophylaxie pré-exposition au banc d'essai. De plus, deux nouveaux centres de référence pour le sida vont ouvrir leurs portes, l'un à Bruges, l'autre à Mont-Godinne.
Il y a de cela un an, La Ministre de la Santé lançait le Plan national de lutte contre le VIH. L'une des mesures préconisées était d'étudier les conditions de faisabilité de la PrEP. La PrEP, c'est l'abréviation pour Pre-Exposure Propylaxis ou, en français, la prophylaxie pré-exposition. En clair, il s'agit pour une personne séronégative de prendre un médicament sur base journalière, qui diminue très sensiblement - de 90% selon plusieurs recherches dont la fameuse étude iPrEx - le risque de transmission du vih, le virus responsable du sida.
En juin dernier, l'Organisation Mondiale de la Santé recommandait justement le recours à la PrEP, comme moyen supplémentaire de prévention. Seuls les Etats-Unis ont tant qu'à présent autorisé l'usage à titre préventif du Truvada. Depuis, les campagnes de sensibilisation se sont multipliées de l'autre côté de l'Atlantique.
La Belgique irait donc dans ce sens. Mais il ne s'agit encore que d'un projet pilote, qui sera confié à l'Institut de Médecine Tropicale d'Anvers, avec comme ambition de déterminer la forme la plus appropriée de produit à employer. Le Truvada n'est en effet pas le seul candidat possible à ce type de traitement.
La PrEP est au cœur d'un débat assez passionnel. L'idée de prendre un médicament pour "sexer" en liberté passe mal. Mais quoi qu'on en pense, le vrai débat n'est pas là. Il s'agit tout d'abord de bien comprendre que la PrEP ne remplace pas le préservatif. En fait, toute personne qui se protège en toute occasion n'est pas concernée. Qu'elle continue comme ça et la PrEP ne sera pas pour elle. Aux États-Unis, la sensibilisation et l'encouragement à recourir à la PrEP vise les personnes dont les comportements à risque sont importants. Il est par exemple conseillé de l'envisager avec son médecin dans le cadre des couples séro-discordants. Mais ça peut être aussi une précaution utile pour les travailleurs et les travailleuses du sexe qui peuvent être confrontés à des situations périlleuses, ou encore dans des situations de violence sexuelle comme dans les prisons. D'autres situations pourraient donner à réfléchir. Si malgré l'usage plus ou moins régulier du préservatif, une personne s'est trouvée à de multiples reprises à recourir au traitement post-exposition, quelles qu'en soient les raisons, la PrEP pourrait bien être dans son cas un utile complément à sa stratégie personnelle de prévention. La droque et l'alcool sont souvent responsables d'une moindre vigilance dans les ébats sexuels. Là aussi, l'opportunité de recourir à la PrEP peut se révéler une solution, du moins tant que ces comportements à risque sont réguliers.
Mais nous n'en sommes pas encore là. Il faudra encore du chemin pour que le projet pilote annoncé livre ses résultats et qu'ensuite le traitement soit autorisé par l'INAMI.
L'autre mesure annoncée est la création de deux nouveaux centre de référence sida. C'est une bonne nouvelle car les personnes séropositives ont besoin d'un suivi médical régulier dans ces centres et la proximité de l'un d'entre eux est donc importante. En Wallonie, les deux centres actuels se situent à Liège et à Charleroi. Mont-Godinne devrait être la prochaine alternative dont pourront bénéficier en particulier les habitants des provinces de Namur et Luxembourg.
Thierry Delaval