Les LGBTQI+phobies et toutes ses manifestations (injures, agressions, discriminations, etc) ont la peau dure. C’est en tout cas ce qui ressort de l’enquête « A long way to go for LGBTI equality » réalisée par la FRA (Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne), menée en 2019 et publiée le 14 MAI 2020 sur plus de 14 000 participant-e-s provenant de l’UE, du Royaume-Uni, de Serbie et de Macédoine du Nord.
En effet, de nos jours, si les personnes LGBTQI+ peuvent parfois vivre, ouvertement leur identité de genre et leur orientation sexuelle, la peur, la violence et la discrimination restent élevées envers nos communautés et ce, partout en Europe. Cela pour conséquence que de nombreuses personnes décident de vivre dans l’ombre, de peur d’être ridiculisé-e-s, discriminé-e-s ou attaqué-e-s, comme le souligne le directeur de la FRA Michael O-Flaherty. De son côté, Helena Dalli, commissaire européenne à l’égalité des chances, déplore un nombre croissant d’incidents anti-LGBT, des attaques contre diverses marches de fiertés, ou encore des déclarations de zone « sans idéologie LGBTI » au sein de l’Union européenne.
L’enquête « A long way to go for LGBTI equality » analyse comment les personnes interrogées vivent leurs droits humains depuis la dernière enquête réalisée en 2012. La comparaison des deux enquêtes montre malheureusement peu de progrès globaux. Certaines personnes se sentent en sécurité, alors que d’autres non. Il faut prendre du recul et comparer ce qui est comparable pour avoir une vue globale de la situation.
Les conclusions montrent, par exemple, que six personnes sur dix évitent de se tenir la main en public de peur d’être agressées. Elle montre aussi qu’une personne trans ou inter sur cinq a été agressée physiquement ou sexuellement, soit deux fois plus que les autres groupes. Elle met aussi en lumière qu’une personne LGBTI sur trois dit avoir des difficultés financières (chez les personnes trans et inter, c’est une personne sur deux), ce qui souligne encore plus la situation de précarité dans laquelle nos communautés peuvent se retrouver.
En Belgique, UNIA déplore que l’homophobie au travail ne soit pas prise au sérieux. Sur les 133 dossiers de discriminations ouverts en 2019, 35 concernaient les personnes LGB discriminées ou harcelées sur leur lieu de travail. Patrick Charlier, directeur d’UNIA, souligne que de nombreux employeurs ne se rendent malheureusement pas de l’impact sur la santé mentale que peuvent avoir ces discriminations, ces blagues récurrentes ou ces attaques sur les personnes concernées. De plus, de nombreux cas ne sont pas signalés auprès d’UNIA, ce qui rend difficile tout le travail statistique autour de ces questions. A titre d’exemple, UNIA est allé trois fois en justice en 2019. Une d’elle a sanctionné du harcèlement homophobe, ce qui rappelle que les discriminations et le harcèlement sont interdits par la loi.
Enfin, plus largement, en Europe, la Cour de Justice de l’Union européenne a récemment pris un arrêté important pour nous qui stipule que des déclarations homophobes, prononcées par une personne qui a ou peut avoir une influence sur la politique de recrutement d’un employeur peut être puni. Dans un tel cas, le droit national peut prévoir qu’une association a le droit d’agir en justice pour obtenir réparation des dommages, même si aucune personne lésée n’est identifiable. Cet arrêté fait suite à plusieurs cas qui se sont déroulés en Italie.
Pour consulter l'enquête de la FRA, l'arrêté européen et l'enquête d'UNIA, vous pouvez les retrouver via ces liens :