Le Plan d’Action National de lutte contre les violences homophobes prévoit notamment la formation des policiers à l’accueil des personnes LGBT et la nomination d’un policier de référence par arrondissement et par zone de police. Entretien avec la Police des Mœurs de Liège pour récolter leurs premières impressions.
Jean-Marie Monseur et Josiane Mestdagh travaillent tous deux depuis une trentaine d’année à la Brigade Judicaire de Liège, section mœurs. Prostitution, proxénétisme, viols occupent la plus grande part de leur temps. Ils parviennent toutefois à consacrer environ un dixième de leur horaire à la lutte contre les violences homophobes.
Ce volet spécifique de leur emploi du temps est très récent. Il résulte d’une affaire de violence conjugale entre deux hommes sur laquelle ils ont travaillé en 2007. En investiguant pour ce dossier, ils se sont rendu compte de l’étendue de la « communauté gay » à Liège et du peu de moyens de protection de la Police vis-à-vis de ce public. Ils ont donc réaménagé leur temps de travail afin d’œuvrer spécifiquement à la sécurité des personnes LGBT. Une initiative unique en Belgique.
Grâce au patron du sex-club liégeois Le Chaps et au président d’Alliàge, ils ont pu progressivement faire connaissance avec l’associatif et la vie nocturne LGBT de Liège. Leur principal souci étant la sécurité, ils ont entrepris de se rendre sur les lieux fréquentés par les gays (bars, sauna, parkings, parcs, soirées, …) afin de leur faire savoir qu’ils étaient présents non pas pour les importuner mais pour les protéger. Leurs rondes régulières ont pour but d’éloigner les dangers potentiels de ces lieux (clients violents, passants agressifs, …) mais permettent aussi un contact personnalisé. Au début, le public était assez méfiant. Aujourd’hui, Jean-Marie et Josiane sont les bienvenus où qu’ils aillent. « Notre présence rassure » ajoute Jean-Marie « ils savent qu’ils peuvent nous faire confiance, qu’on est là avant tout pour eux et non contre eux ».
L’élaboration du Plan National de Lutte contre les violences homophobes, ils en sont contents mais attendent de voir ce que ça donnera dans la pratique. « Il y a quelques années, il avait été décidé de nommer un policier de référence dans chaque commissariat concernant les faits de violence conjugale. L’idée était vraiment super sauf que les volontaires ont été désignés comme tel par leur hiérarchie. On s’est donc retrouvé avec un tas de policiers qui n’étaient pas du tout sensibles au sujet. » nous explique Josiane. « Cette fois-ci, il faudrait vraiment que ces policiers de référence le soient volontairement, quitte à ce qu’il n’y en ait pas dans chaque zone de police ou chaque arrondissement. Imaginez sinon que l’on nomme un policier homophobe. Bonjour les dégâts ! ». Et de conclure en cœur « la base pour être un bon policier, c’est une bonne éducation. Ce n’est pas normal que ce soit à la Police de former ses policiers à l’accueil des LGBT. Ils devraient pouvoir le faire de manière naturelle. Comme ils le font pour toutes les autres personnes. »
En janvier 2013, la RTBF dans son documentaire « Question à la Une » mettait en avant le travail de Jean-Marie et Josiane. Cette projection fit boule de neige et permit une meilleure visibilité de leur action notamment au sein de l’école de Police qui leur demande désormais de venir parler de leur boulot aux élèves. « C’est une belle reconnaissance de notre travail. Nous espérons que parmi les aspirants que nous formons, l’un ou l’autre sera sensible à ce sujet et prendra la relève lorsque nous prendrons notre retraite (rires) ».
Contact : moeurs@policeliege.be