Tout a commencé le 10 janvier de cette année. Nous écrivions un article sur le peu d'ambition de Joëlle Milquet sur les thématiques LGBT. Nous comparions alors la note de politique générale de la Ministre (en charge de l'Egalité des Chances) aux engagements pris par le gouvernement néerlandais... et force était de constater que Joëlle Milquet n'avait pas pris la mesure de l'importance des enjeux LGBT.
Depuis, le gouvernement néerlandais est tombé… et Joëlle Milquet travaille à la conception d'un Plan national de lutte contre l'homophobie. Que s'est-il passé ? Quelles sont les perspectives ?
En février (un mois après notre article donc), le cabinet de la Ministre nous contacte pour un rendez-vous. L'idée est de créer une plateforme homophobie/transphobie pour réfléchir aux thématiques LGBT.
Dans un mail du 9 février que nous envoyons à la représentante de la Ministre, nous listons nos priorités (Arc-en-Ciel Wallonie, RainbowHouse et çavaria, les trois fédérations belges LGBT) :
A l'époque, certains éléments qui faisaient partie intégrante de notre mémorandum sont mis de côté : les questions trans allaient faire l'objet de réunions séparées et pour les questions de santé et de VIH, nous suggérons au cabinet de réunir les opérateurs actifs du secteur.
Par la suite, la Ministre décide de travailler sur l'aspect sécurité. L'idée d'un Plan global d'action contre l'homophobie est évoquée dès le mois de mars et un accord est trouvé entre Justice et Intérieur (Annemie Turtelboom et Joëlle Milquet). Nous rencontrons alors le service égalité et diversité de la police fédérale, le service juridique de la police fédérale, les (tout nouveau) Rainbow Cops Belgium, le service de prévention et de bien être au travail, la stressteam de la police fédérale, etc.
Puis, début mai, on retrouve le corps sans vie d'Ihsane Jarfi. Le 4 mai, le Parquet de Liège retient la circonstance aggravante d'homophobie dans le chef d'inculpation des suspects : Jérémy Wintgens, Mutlu Kizilaslan, Jonathan Lekeu et Eric Parmentier pour le meurtre d'Ihsane Jarfi.
Tout le pays est secoué.
Le Premier Ministre décide de réunir les acteurs du secteur associatif LGBT. Nous sommes reçus au Lambermont le 10 mai.
Pendant la réunion (à laquelle sont présentes Annemie Turtelboom et Joëlle Milquet), les violences homophobes sont au cœur de la réflexion, mais d'autres aspects sont également évoqués qui rejoignent nos recommandations. Il s'agit de travailler à l'inclusion sociale des LGBT dans la société. Il faut élargir la réflexion à d'autres secteurs : santé, enseignement, recherche scientifique,…
Pendant les mois qui suivent, ce qui est désormais une plateforme homophobie au sein du cabinet Milquet, se réunit régulièrement. Trois rencontres nous ont permis de nous pencher successivement sur les opportunités en termes d'amende administrative, de circulaire de lutte contre les violences homophobes, de recrutement et de sélection à la police, de la nomination de policiers de référence,…
D'autres rencontres sont prévues (en septembre, octobre et novembre) pour aborder successivement la question des politiques de diversité au sein de la police, de la formation des policiers et enfin les questions relatives à la magistrature et à la justice de façon générale.
Parallèlement au brainstorming réalisé par la plateforme, la Ministre confie la mission de coordination du plan national à l'Institut pour l'Egalité des Femmes et des Hommes (qui a auparavant signé un protocole d'accord avec le Centre pour l'Egalité des Chances).
Enfin, une conférence interministérielle (là où les ministres du fédéral et des entités fédérées se rencontrent) était prévue le 3 septembre qui a été reportée. C'est précisément là que la réflexion pourra être élargie aux matières des entités fédérées : enseignement, jeunesse, sport, logement, santé,…
Voilà où nous en sommes ce jeudi 13 septembre. Le plan doit être bouclé pour la fin de l'année. D'autres rencontres sont prévues. Et en fin de parcours, c'est le politique qui décidera quelles mesures adopter, avec quels moyens et dans quels secteurs.
Nous vous tiendrons informés du niveau d'ambition de nos édiles tout prochainement.