Nos priorités pour les prochains gouvernements

Les élections approchent à grand pas. Nous votons le 25 mai prochain à la fois pour renouveler le parlement fédéral, les parlements régionaux et communautaires et le Parlement européen.

Depuis plusieurs mois, Arc-en-Ciel Wallonie a organisé des consultations de ses associations membres, ainsi qu'un grand débat électoral. Tous ces échanges ont conduit à la rédaction d'un copieux cahier de revendications, que nous avons adressé aux différents partis démocratiques francophones.

Mais qu'est-ce que les LGBT et leurs associations peuvent encore bien revendiquer ? On répète assez que la Belgique est pionnière depuis une dizaine d'années dans les droits dont ils bénéficient. Et, globalement, les associations et fédérations ont plutôt un bon contact avec les autorités.

D'ailleurs, au cours de la législature écoulée, plusieurs progrès significatifs ont été enregistrés. Citons en particulier :

  • La mise sur pied du plan interfédéral de lutte contre l’homophobie et la transphobie  
  • Le plan national de lutte contre le vih,  
  • L’établissement de la filiation en faveur de la coparente,  
  • L’aide financière aux associations LGBT en Wallonie avec la création d’un agrément de reconnaissance des maisons arc-en-ciel.

Pourtant, aujourd’hui et dans notre pays, le bien-être et le respect des personnes LGBT ne sont pas assurés.

Trois assassinats à caractère homophobe sur les deux dernières années en ont été l’une des manifestations les plus violentes.

A côté de ces évènements extrêmes, l’homophobie ordinaire trouve toujours à s’exprimer de manière constante et banale dans les médias, dans les écoles, dans le monde médical ou judiciaire, dans le milieu de travail ou encore au sein des forces de polices. L’image de l’homosexuel, si elle a perdu de son caractère caricatural, reste stéréotypée et négativement connotée. Comme tout ce qui a trait à la sexualité, les projections fantasmatiques prennent trop souvent le pas sur la réalité objective.

Pour Arc-en-Ciel Wallonie, des efforts importants doivent encore être réalisés dans les prochaines années. Nous avons placé ces priorités sous le signe de la cohésion sociale et du bien-vivre ensemble.

Avant tout, nous sommes confrontés à une absence quasi-totale de données, de statistiques et de connaissances sur les représentations encore à l’œuvre et sur les diverses manifestations de l’homophobie, de la lesbophobie, de la biphobie et de la transphobie. La Belgique n'est guère une terre d'études et d'analyses. En particulier, on attend depuis des années que les universités francophones créent un master en étude de genres et de la diversité, comme il vient de s'en créer un en Flandre. Mieux, une chaire de recherche scientifique sur ces questions ne serait pas du luxe.

Nous pensons donc qu'un ambitieux programme d’études devrait être promu dans différents secteurs politiques. C’est sur cette base que la prorogation souhaitable d’un plan global de lutte contre l’homophobie - dont on ne peut pas dire que l'actuel est un succès - pourrait trouver davantage d’efficacité. De nombreuses politiques sont concernées : emploi et travail, justice et affaires intérieures (police), mais aussi santé publique et enseignement, pour ne citer que les plus importants. En outre, nous prônons une approche décloisonnée permettant de mieux appréhender les discriminations multiples.

Parallèlement, des avancées législatives dans le domaine du droit des personnes doivent encore intervenir dans les prochaines années, notamment pour mieux rencontrer l’évolution des modèles familiaux.

Sur les scènes internationale et européenne, la Belgique doit montrer l'exemple. Russie, Ouganda, Nigeria sont des pays où la situation des LGBT s'est dramatiquement dégradée ces dernières années. En Europe, il ne fait pas bon être homosexuel partout et encore moins transgenre, comme par exemple en Lituanie. Et l'homosexualité reste punissable dans près de 80 pays de par le monde. Il y a du travail pour notre diplomatie si nous voulons lutter contre la montée des intolérances et promouvoir le plus haut niveau de protection et de liberté que doivent garantir les États de droits à tou?te?s leurs citoyen?ne?s.

Ce mémorandum est donc un appel aux futurs gouvernements des différents niveaux de pouvoir afin qu’ils établissent un niveau élevé d’ambition dans la lutte contre la discrimination en général, vis-à-vis des personnes LGBT en particulier. Les propositions détaillées qu'il décrit permettront aux autorités de donner corps à ce degré attendu d’engagements politiques.

N'hésitez pas à nous faire part de vos remarques et à diffuser la version électronique de ce document (disponible en cliquant ici) auprès de vos candidats locaux.

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