Nombreuses ont été les réactions suite à la diffusion des reportages "Femme de la rue" et "Homme de la rue" sur les télévisions flamandes. Dans un article de La Libre Belgique de ce 16 novembre, David Paternotte, chargé de recherches du FNRS Metices/Institut de Sociologie à l'Université Libre de Bruxelles, revient sur ces violences et sur le vivre ensemble.
L'article est disponible sur le site de La Libre Belgique en intégralité ici.
Ces derniers jours, les médias ont abondamment parlé d’homophobie. C’est incontestable: il y a des problèmes et l’homophobie reste un enjeu dans notre société. Toutefois, au-delà d’un constat qui est loin d’être neuf, il est fondamental de réfléchir à la manière dont ce débat est posé afin de ne pas se laisser entraîner sur des terrains dangereux. Interroger nos perceptions. Qui voyage un peu saura que Bruxelles n’est pas une ville dangereuse. Cela ne veut pas dire que des incidents n’existent pas. Mais il est crucial de les saisir à leur juste valeur. Au risque, à défaut, de générer un climat d’insécurité qui ne correspond pas à la réalité. Et d’attiser des discours sécuritaires profitant à des acteurs politiques dont on ne partage peut-être pas les opinions. En outre, ces représentations alimentent l’idée de désordre et de mauvaise gestion des grandes villes. Cette idée est ancienne, tout particulièrement pour Bruxelles, et a été assénée en Flandre au cours des dernières années. Loin d’affirmer que certains partis auraient orchestré ces sorties médiatiques, ce constat aide à comprendre pourquoi, aujourd’hui, ces préoccupations rencontrent un tel écho, particulièrement au Nord du pays. On entend aussi souvent que ces agressions seraient en augmentation et que les gays et les lesbiennes vivaient plus tranquillement avant. Il est difficile, en l’absence d’études sérieuses, de confirmer cette hypothèse. Toutefois, combien de couples homosexuels se donnaient la main en rue il y a dix ou quinze ans ? Il est incontestable que cette visibilité accrue est récente. En outre, s’il y a encore des ratés, plus de personnes homosexuelles dénoncent des actes ou des propos qu’elles auraient acceptés auparavant et le système de recueil de plaintes s’est amélioré. Ces deux avancées augmentent nécessairement le nombre d’incidents. En d’autres mots, il faut se méfier d’un âge d’or qui n’a probablement jamais existé.