Rencontre avec le groupe de réfugiés et de candidats réfugiés de la MAC du Luxembourg

Rencontre avec le groupe de réfugiés et de candidats réfugiés créé par Jean-Daniel Ndikumana et la Maison Arc-en-Ciel du Luxembourg lors d'une permanence à Marloie. Pendant une heure, ils m'ont raconté leur parcours et leurs projets.

Activiste depuis 2008 au Burundi, il était chargé de programme dans l’association « Union pour le changement et le développement », Jean-Daniel a dû quitter son pays natal en 2013 suite à plusieurs mandats d’arrêts liés à ses activités et à cause de son orientation sexuelle.

« En Afrique, beaucoup d’associations LGBT se présentent comme des associations luttant contre le VIH afin de pouvoir se battre plus discrètement contre les discriminations. Dans ce domaine, il y a du boulot. Il n’y a pas de résultats satisfaisants en ce qui concerne le VIH car il est presqu’impossible de parler librement à un prestataire de santé sans risquer sa vie. »

Jean-Daniel atterrit dans un centre d’accueil Croix-Rouge chantecler en province de Namur et y découvre une discrimination similaire à celle vécue en Afrique, certes à moindre échelle, mais exacerbée par la proximité due à ce lieu de vie. Pensant bien faire, le directeur du centre le place dans une chambre individuelle, mais Jean-Daniel vit cela comme un véritable rejet. Un isolement qui le ramène constamment à sa sexualité et au contexte qu’il a fui en quittant son pays. Il décide de contacter l’association Rain Gaum pour s’impliquer dans le paysage associatif belge et continuer le combat commencé au Burundi.

Oumar, sénégalais d’origine, arrivé le 15 septembre 2015 et actuellement en attente d’asile tient le même discours.

« En Afrique, tu te caches. Dans les centres, tu te caches aussi. Tu ne parles pas de ça. Il y a beaucoup de propos homophobes qui circulent et tu ne peux pas réagir. »

Au début, Jean-Daniel propose bénévolement des animations pour les candidats réfugiés. Il est ensuite engagé par le Centre d’Action Laïque du Luxembourg, une structure qui lui permet d’organiser des entretiens individuels, des groupes de paroles, des animations dans les centres, des actions de sensibilisation, des activités d’épanouissement et de mettre sur pied un groupe d’activistes LGBT africains.

« Ces initiatives ont différents objectifs. Les entretiens individuels permettent un premier contact avec des personnes qui ont besoin d’être écoutées et rassurées. Souvent, elles ont peur de s’affilier à des associations. Peur pour leur sécurité, peur d’être rejetées ou licenciées. Leur redonner confiance en eux afin de leur permettre de parler librement est primordial. Les groupes de paroles ne sont pas obligatoires. Ils sont conçus afin que ces personnes puissent échanger des expériences de vie, et se sentir moins seul. Quant aux activités d’épanouissement, elles servent à se retrouver dans un cadre plus festif pour se changer les idées. Les animations dans les centres se font devant tous les résidents sous la forme d’une présentation des différents critères de discriminations. On n’arrive pas avec nos gros souliers pour parler directement d’homosexualité. Ce serait impossible. Mais cela permet d’éveiller l’intérêt des personnes LGBT afin qu’elles viennent vers nous ou qu’elles se confient aux assistants sociaux des centres, avec qui nous travaillons en partenariat. Un personnel sensibilisé aux problématiques LGBT est une garantie pour un meilleur accueil. Le groupe des activistes LGBT africains est composé de 10 personnes. Notre but est d’aider les gens qui n’ont pas encore leur visa, de sensibiliser le grand public et de poursuivre ici le travail commencé là-bas. »

Essentiellement composé de personnes d’Afrique Sub-saharienne, le groupe réfléchit à une façon de toucher le public d’Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient. Dans ce but, ils ont créé une campagne d’affichage à destination des centres en 4 langues (français, anglais, arabe et russe) où l’on peut lire :

« Tu peux quitter ton pays à cause de la guerre, mais aussi parce que tu risques ta vie à cause de ton orientation sexuelle ou ton identité de genre. »

Des représentants de cette communauté accompagneront bientôt le groupe dans leurs diverses animations.

Le groupe des réfugiés et des candidats réfugiés met donc beaucoup de projets en place. Dans une époque où la notion de solidarité est mise à mal, il est de bon ton de souligner des initiatives de la sorte.

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