Simon Englebert lauréat du Prix François Delor 2013-2014

Le lauréat du Prix François Delor pour l'année académique 2013-1014 a été révélé ce 17 mars lors d'une cérémonie qui s'est tenue au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Engagé au sein de l'association liégeoise de prévention du vih Sida Sol, il a mené en parallèle ses études en santé publique. Jamais le Prix Delor n'a aussi bien porté son nom.

Simon Englebert est liégeois et a 27 ans. Après avoir terminé un bachelier en soins infirmiers et une spécialisation SIAMU, il a enchainé avec une licence en Santé Publique à l'Ulg, avec option "Promotion santé et environnement", licence qu'il a terminé fin septembre 2014 par la remise de son mémoire intitulé "Risque de transmission du VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes dans différents types de lieux de rencontres à Liège". Ce travail lui avait déjà valu le prix de sa section et sous les conseils de Chris Paulis, une de ses professeures, il a présenté son mémoire au Prix Delor organisé par Arc-en-ciel Wallonie.

Nourri par le désir de travailler dans le secteur de la santé communautaire, il est engagé en mi-temps chez Sida Sol en février 2013 et à temps plein depuis la fin de ses études. Pour construire son mémoire, il se base sur la méthodologie de Vanden Berghe, qui avait proposé en 2011 une étude du risque de transmission du VIH en fonction du type de lieux de rencontre. Il a adapté cette recherche à l'environnement liégeois en proposant une analyse des comportements des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes dans des lieux de sorties classiques, des lieux de "cruising", et dans des lieux associatifs. L'objectif était d'identifier les différences entre les prises de risque de contamination au vih et autres ist selon les types de lieux afin d'améliorer le travail de prévention. Simon Englebert a élaboré un questionnaire qu'il a ensuite fait remplir in situ dans une quinzaine d'endroits différents par plus de cents volontaires.

"Je me rendais sur place, je distribuais un questionnaire papier anonyme aux volontaires, et je les classais en fonction du lieu dans lequel les gens se trouvaient."

Il a aussi pris en compte plusieurs indicateurs révélés par trois autres études. L'étude européenne EMIS, lancée sur la plateforme www.gayromeo.com en 2010, est à ce jour la plus large étude réalisée sur la sexualité entre hommes. Elle brassait un grand nombre d'informations et de données comme le niveau d'étude, les lieux et types de sorties, le taux de personnes infectées,... L'étude Kipke Weiss et Wong de 2007, qui fait le lien entre le statut résidentiel et le risque de contracter le VIH ou tout autre IST. Et enfin, l'étude nommée SIALON II, assez proche de celle réalisée par Vanden Berghe, mais plus récente.

Cette recherche lui a apporté des connaissances théoriques précieuses pour son travail de tous les jours au sein de Sida Sol. En comparant les facteurs comportementaux à risque de transmission du VIH entre différents types de lieux de rencontre à Liège. Il voulait mieux orienter les actions de prévention et de dépistage de cette infection après de ce public particulièrement vulnérable. Il a pu constater que + de 15% des gens interrogés n'avaient jamais effectués de test de dépistage, qu'un travail de prévention sur la prise de drogue était urgent, et qu'une augmentation de l'accessibilité des préservatifs dans les lieux de consommation sexuelle était nécessaire.

Bénéficiant d'une dérogation de l'INAMI, Sida Sol peut encore effectuer des tests de dépistage rapides et démédicalisés, mais le point de vue de Simon sur le Plan Sida, censé couvrir la période 2014-2019 est bien désabusé. Il déplore un risque d'inégalité de santé au sein d'un même pays si ce plan est régionalisé, et dénonce le manque d'intérêt témoigné par Maggie De Block, la ministre de la santé, à l'égard du comité national des personnes séropositives, qu'elle aurait laissé sans nouvelles.

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