À l’initiative d’Arc-en-Ciel Wallonie, les étudiants de première année de régendat de la haute école de la ville de Liège Jonfosse ont participé ce mardi 23 octobre à la conférence interactive de Kévin Lavoie, agent de développement à la Coalition des familles homoparentales du Québec. Kévin a abordé avec eux les questions d’homophobie en milieu scolaire.
Arc-en-Ciel Wallonie est bien décidée à combattre l’homophobie en milieu scolaire. Nous poursuivons la mise en place de nos modules d’intervention dans les écoles. Mais il faut bien constater que la formation des enseignants ne les prépare pas vraiment à appréhender les questions de diversité des orientations sexuelles. Nous avons saisi l’occasion de la présence de Kévin Lavoie en Belgique pour organiser cette conférence spécifiquement destinée aux futurs professeurs, intitulée De la diversité familiale aux stratégies pour en finir avec l’homophobie. Celle-ci s’inscrivait dans le cadre du cours de diversité, dispensé à tous les étudiants de première année de régendat, toutes sections confondues. Malgré l’horaire matinal (8 heures du matin), plus de 100 étudiants y ont assisté.
Les objectifs de cette conférence sont de conscientiser ces futurs enseignants à l’homophobie qui est encore présente dans les écoles et leurs fournir des outils pédagogiques pour y faire face. Ainsi, Kévin a commencé son intervention par un remue-méninges en demandant à l’auditoire ce qu’il avait déjà entendu à propos de l’homophobie. Sur cette base, Kévin a pu mettre en évidence certains stéréotypes et expressions exclusivement négatives, créant des liens avec la suite de sa présentation.
Entrecoupé de quiz et de réactions avec son public, Kévin a présenté les résultats d’une étude québécoise sur l’homophobie en milieu scolaire. À partir de 2007, Line Chamberland, professeure à l’UQAM (Université du Québec à Montréal) a interrogé, avec son équipe de chercheurs, près de 3000 élèves du secondaire sur l’homophobie et les représentations de l’homosexualité à l’école. Cette étude, intitulée L’impact de l’homophobie et de la violence homophobe sur la persévérance et la réussite scolaires (disponible en résumé ici), a mis en lumière quelques chiffres qui n’ont pas manqué d’interpeller l’auditoire. En effet, l’étude démontre que plus de 85% des répondants affirment entendre souvent ou à l’occasion des remarques à caractère homophobe et que presque 4 élèves sur 10 disent avoir personnellement vécu une discrimination homophobe parce qu’ils sont homosexuels ou présumés comme tels.
Suite à la présentation de l’étude, Kévin a développé les différents impacts des violences homophobes chez les jeunes, de l’isolement social aux risques de suicide, en passant par la faible estime de soi. Le constat fut d’autant plus interpellant pour ces futurs enseignants que l’étude québécoise estime que seulement 22% des jeunes victimes d’homophobie à l’école dénoncent ces violences à leurs professeurs et éducateurs.
En fin de conférence, Kévin a mis au défi son auditoire en proposant aux étudiants des cas concrets d’homophobie. Au final, bilan positif pour ces élèves de Jonfosse avec quelques ajustements pour réagir de la manière la plus adéquate. De plus, une compilation de tous les conseils, études, outils pédagogiques,… a été remise à l’école pour les étudiants qui désireraient aller plus loin dans la thématique (un exemplaire de cette documentation est disponible à la médiathèque de la Maison Arc-en-Ciel de Liège).
Lors de cette conférence, Arc-en-Ciel Wallonie a diffusé un questionnaire à tous les étudiants de l’auditoire afin de récolter quelques opinions sur ce type d’initiative. Sur la centaine de questionnaires distribués, 87 ont été rendus : 21 hommes, 64 filles et 2 personnes ne se définissant pas homme ou femme.
Dans ce questionnaire, il était question d’une nouvelle mission de l’enseignement : l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS), récemment introduite dans les missions des écoles. Près de 82% des répondants sont d’avis qu’il est du devoir de l’école d’aborder ces questions. Par contre, le bilan est plus mitigé lorsqu’il s’agit de parler soi-même de vie affective et sexuelle : près de 30% ne se sentent pas préparés pour aborder le sujet et plus de 35% n’ont pas d’avis sur la question (ce qui est compréhensible étant donné qu’ils sont au début de leur formation).
La seconde partie du questionnaire abordait la diversité des orientations sexuelles. Plus de 90% des répondants estiment que ces questions doivent être abordées dans le cadre de l’EVRAS et 79% d’entre eux se sentent à l’aise pour parler eux-mêmes des différentes orientations sexuelles. Ce dernier chiffre est cependant à mettre en parallèle avec le fait que presque 90% des répondants estiment que la conférence de Kévin Lavoie est une initiative utile pour les aider à aborder ces questions.
Enfin, environs 85% d’entre eux envisageraient de faire appel aux interventions d’Arc-en-Ciel Wallonie pour parler de la diversité des orientations sexuelles dans leurs classes, ce qui est plutôt encourageant. D’autant plus que pour 35% d’entre eux, les interventions scolaires devraient être composées de témoignages positifs de gays et lesbiennes. C’est précisément ce que nous mettons en place.
Evidemment, ces quelques chiffres ne peuvent nous donner qu’une petite indication sur l’opinion des (futurs) enseignants sur les questions de l’homophobie et de l’homosexualité, l’échantillon n’étant pas représentatif. Ce premier sondage nous laisse tout de même bon espoir.