VIH : la file des patients s’est allongée de 1200 personnes en 2010

L’Institut Scientifique de Santé Publique (ISP) est l’organisme fédéral belge chargé de surveiller l’épidémie du sida dans notre pays. Chaque année elle publie les chiffres des nouvelles infections diagnostiquées pour le Virus de l’Immuno-déficience Humaine (VIH), à l’origine du sida.

En ce mois de novembre, l’ISP fait le point sur l’année 2010.

Le constat, alarmant, pourrait tenir en un seul chiffre. 1196 personnes ont découvert leur séoposivité rien que durant l’année 2010.

1196 vies brisées.

1196 patients qui désormais devront s’astreindre à un suivi médical strict, avec le lot d’examens que cela comporte. Avec à plus ou moins brève échéance l’obligation de suivre une multi-thérapie. Et les nausées qui les accompagnent. Les fatigues qui vous collent au lit dès 10 heures du soir. Avec l’obsession de contrôler où en est leur taux de CD4, ces cellules du système immunitaire auxquelles le VIH s’attaque. Avec la peur de perdre leurs amis, leur job. Avec cette perspective d’un vieillissement prématuré.

Le Docteur Uurling, du Centre de Référence Sida de Liège, témoigne de cette détresse : nous avons affaire à deux types de publics : ceux qui ne sont pas bien informés et qui banalisent le virus (« ça ne m’arrivera pas ») et ceux qui sont bien informés mais qui banalisent l’infection car elle se soigne (« pas besoin de capote, de toute façon, si j’attrape le sida, je n’en mourrai pas ! »). Ces derniers vivent pourtant une véritable épreuve lorsqu’on leur apprend qu’ils sont séropositifs. Cette banalisation est regrettable car, si on ne meurt plus du sida aujourd’hui, il n’en reste pas moins que la vie en est chamboulée à tous points de vue : santé, relations sociales et familiales, relations sexuelles.

Chaque année, le nombre de nouveaux diagnostics augmente. Ils étaient 1135 en 2009, 1093 en 2008, 1070 en 2007, 1016 en 2006, 1069 en 2005 … Il y a à présent dans notre pays près de 12000 personnes suivies médicalement, en particulier par les laboratoires de référence sida.

On croit trop souvent que cela s’arrête là. L’infection est assez bien maîtrisée et il est possible de vivre longtemps. Juste une espèce de handicap... Pourtant, le sida peut toujours surgir. 1664 personnes sont aujourd’hui à ce stade, dont 27 de plus en 2010. Différentes maladies dites opportunistes, car elles se développent parce que l’organisme est affaibli, apparaissent, dont le Sarcome de Kaposi, la tuberculose pulmonaire, des lymphomes etc.

Non, le sida n’est pas une maladie banale. Si on en meurt pas, on en crève !

Le 1er décembre, c’est la journée mondiale de lutte contre le sida. L’occasion à nouveau de redire combien la prévention est importante. Pour les gais, la vigilance doit être encore plus grande. La pénétration anale est de loin le mode de contamination au risque le plus élevé. Parmi les 1196 nouveaux cas dépistés, 386 sont dûs à des contacts homosexuels. Même la Wallonie n’est plus épargnée. Pas moins de 70 infections par contact homosexuel en 2010 dans notre région. Le double si on compare à il y a 5 ans. Le préservatif n’a jamais été aussi indispensable.

La proportion de contaminations diagnostiquées suite à un contact homosexuel ne cesse d’augmenter. Il est difficile d’interpréter cette évolution. Peut-être les chiffres augmentent-ils parce que la pratique de dépistage est plus régulière parmi les gais. Peut-être aussi les plus jeunes – ils sont de plus en plus nombreux à être contaminés entre 15 et 24 ans – ont-ils moins de difficultés à révéler à leur médecin qu’ils ont des relations homosexuelles. C’est ce que le rapport de l’ISP laisse supposer. Mais les données sont trop imprécises pour tirer des conclusions définitives.

La pratique du dépistage augmente, mais pas encore assez. Seuls 6 belges sur 1000 ont passé un test en 2010. En Belgique, on ne sait pas avec certitude le nombre de personnes infectées par le VIH et qui l’ignorent. On sait seulement que 36% des personnes infectées ne découvrent leur séropositivité que lorsqu’ils sont déjà malades du sida. En moyenne, le taux de lymphocytes T4 au moment du diagnostic est de 442/mm3. Chez une personne en bonne santé, il se situe aux environs de 1000. Le sida risque de survenir lorsque les T4 sont sous le seuil des 200/mm3. En général, de trop nombreux mois se sont passés avant de pratiquer un test. Mois pendant lesquels la santé se dégrade à l’insu des personnes infectées. Mais ce sont aussi ces premiers mois de l’infection durant lesquels les personnes séropositives sont le plus contagieuses.

Ne pas se faire dépister régulièrement revient donc à mettre sa vie autant que celle des autres en danger.

La prévention doit redevenir le premier réflexe de chacun d’entre nous. Elle prend de multiples formes :

  • L’usage du préservatif, surtout dans les relations occasionnelles. Il faut garder à l’esprit que le risque est maximum dans la sodomie passive.  
  • Le réflexe du dépistage régulier. Au moins une fois par an. Plus si le nombre de partenaires est élevé.  
  • En cas de contamination, ne pas fuir devant les traitements. Au contraire, ceux-ci vous maintiendront en bonne santé et, lorsque la charge virale devient indétectable, le risque de contaminer vos partenaires devient proche de zéro.  
  • Oser poser la question du statut sérologique à votre partenaire et adapter les jeux amoureux en conséquence.  
  • Ne pas rejeter les personnes séropositives. Au contraire, il faut construire un climat de confiance et de solidarité pour le bien-être de chacun, pour que les séropositifs n’aient pas en plus à souffrir du rejet social et pour qu’enfin nous cessions de nous mettre la tête dans le sable.

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